Elle défend les Emirats Arabes Unis à la COP29 et me raconte 🌏 | Séverine Ginot

Elle défend les Emirats Arabes Unis à la COP29 et me raconte 🌏 | Séverine Ginot

Apprendre à se mettre à la place de l'autre

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La COP, ces grandes conférences internationales sur le climat, semblent parfois loin de nos réalités. Pourtant, ce sont là que se décident (ou pas) les grandes orientations mondiales pour limiter le réchauffement climatique. Dans cet article, on vous emmène dans les coulisses de la COP29 à Bakou, à travers le parcours de Séverine Ginot, juriste en droit international de l’environnement, qui a vécu une expérience unique : défendre les intérêts des Émirats Arabes Unis dans une simulation grandeur nature des négociations climatiques.

1. Une juriste engagée qui découvre les mécanismes de la COP

Diplômée en droit international de l’environnement, Séverine Ginot s’est spécialisée sur les questions de justice climatique et de droit des déplacés climatiques, avec un mémoire centré sur les petites îles insulaires déjà touchées par la montée des eaux.

Puis, en service civique chez France Nature Environnement (FNE), elle travaille sur des contentieux environnementaux : forages pétroliers, pollution de l’eau, destruction des forêts.

C’est dans ce cadre qu’elle a participé à un concours international organisé par plusieurs universités, qui permettait à des étudiants du monde entier de simuler les négociations de la COP. À la clé : une invitation à la vraie COP29, en tant qu’observatrice.

2. Pourquoi défendre les intérêts des Émirats Arabes Unis quand on est engagée pour le climat ?

Séverine n’a pas choisi son pays : c’est le tirage au sort qui lui a attribué les Émirats Arabes Unis. Un choix paradoxal pour une militante climatique, puisque les Émirats sont l'un des plus gros producteurs de pétrole au monde.

Mais en creusant, elle découvre une réalité plus complexe :

  • Un pays côtier menacé par la montée des eaux.
  • Des zones humides et des mangroves à protéger.
  • Un stress hydrique majeur dans un territoire désertique, avec une population en forte croissance.
  • Une stratégie de diversification économique vers le tourisme et la finance, conscients que les énergies fossiles n’ont pas d’avenir infini.

Se glisser dans la peau d’un autre pays, c’est comprendre ses intérêts pour négocier. Et surtout, réaliser que même les pétromonarchies ont des enjeux écologiques majeurs.

3. Comment se construisent les alliances et les oppositions à la COP ?

Dans cette simulation, Séverine a dû nouer des alliances pour défendre les intérêts de son pays :

  • Tentatives infructueuses avec l’Arabie Saoudite, pourtant proche culturellement.
  • Collaboration efficace avec le Japon, notamment sur la protection des forêts et mangroves.
  • Dialogue avec l’Indonésie, sur les questions de financement climatique.

Elle découvre aussi les zones grises du système onusien :

  • Les Émirats, bien que riches, sont considérés comme "pays en développement", et peuvent bénéficier des financements climatiques censés aller aux pays vulnérables.
  • Des règles figées depuis 30 ans, qui ne correspondent plus toujours aux réalités géopolitiques et climatiques actuelles.

Cette expérience lui montre les limites et les failles des négociations climatiques internationales, mais aussi l’importance d’un jeu d’alliance complexe pour obtenir des avancées, même minimes.

4. Pourquoi les COP peinent à répondre à l'urgence climatique : retour d’expérience

Arrivée à Bakou pour la vraie COP29, Séverine décrit une expérience contrastée :

  • Peu de femmes dans les délégations officielles.
  • Presque aucune présence des communautés autochtones (problèmes de visa pour certains représentants).
  • Les jeunes cantonnés à des rôles d'observateurs, malgré leur forte mobilisation dans les "COP jeunes" (COY).

Les négociations officielles se jouent dans des "informels informels", inaccessibles aux ONG et observateurs. Ce sont ces petites réunions qui déterminent les décisions finales, loin des grandes déclarations publiques.

Au-delà de la scène visible, Séverine souligne :

  • L’absence de mise à jour des règles de financement climatique, alors que certains "pays en développement" sont devenus des puissances économiques.
  • Le sentiment d’impuissance face aux grandes puissances qui bloquent les avancées (notamment sur les énergies fossiles).
  • Le besoin d’une meilleure représentation des femmes, des jeunes, et des peuples autochtones pour refléter les vraies urgences climatiques.

Conclusion : ce que la COP révèle des défis de la transition écologique mondiale

Ce que montre l’expérience de Séverine Ginot, c’est que les COP sont à la fois essentielles et profondément imparfaites.
Elles permettent une prise de conscience collective, mais sont freinées par des logiques de pouvoir, d’argent et de souveraineté.

Pourtant, comme elle le dit elle-même, on ne peut pas faire l’économie de ces dialogues, aussi frustrants soient-ils.
Apprendre à se mettre à la place de l’autre, comprendre les intérêts contradictoires, c’est le cœur du travail diplomatique, indispensable pour avancer sur les enjeux climatiques.

Episode Transcript

Xavier Seux, fondateur Echoes Studio et animateur The Big Shift !

Xavier Seux

Entrepreneur & Podcasteur

Je cherche à comprendre les grands enjeux de la transition écologique, ce qui la freine, et ce qui pourrait l'accélérer, en passant par tous les grands silos de notre société : économie, agriculture, mobilité, culture, logement, énergie, politique, et bien d'autres sujets !