Le Géo-mimétisme : comment réparer le climat grâce à la nature🐳| Pierre Gilbert, Sator

Qui est Pierre Gilbert ?

Pierre Gilbert est prospectiviste en risques climatiques, auteur du livre Géo-mimétisme : Réguler le changement climatique grâce à la nature. Ancien collaborateur du ministère des Armées, il est spécialisé dans l’analyse des impacts du changement climatique sur nos sociétés. En 2021, il a fondé Sator, une plateforme éducative proposant des mini-séries approfondies sur des sujets complexes liés à la transition écologique. Son approche ? Mettre en lumière des solutions concrètes et inspirées de la nature pour faire face à la crise climatique.

93 % de l’énergie du réchauffement est absorbée par les océans

Les océans sont les plus grands régulateurs du climat terrestre. Ils absorbent 93 % de l’excès d’énergie thermique générée par les activités humaines. Sans leur capacité à capter cette chaleur, la température moyenne sur Terre aurait augmenté de 9°C depuis l’ère industrielle.

Mais cette capacité a un prix. L’épisode aborde les conséquences dramatiques de cette absorption :

• Réchauffement des eaux de surface (+1°C en quelques décennies).
• Acidification des océans, affectant les micro-organismes essentiels.
• Apparition de zones mortes, notamment dans des zones comme le Golfe du Mexique.
• Une perte de 50 % de la biomasse marine en un siècle.

La pompe biologique : la nature en action

Les océans capturent le carbone grâce à deux mécanismes principaux :

1. La pompe physique : Dissolution du CO₂ dans l’eau, transporté en profondeur par les courants océaniques.
2. La pompe biologique : Absorption du CO₂ par le phytoplancton et transformation en matière organique.

Chiffres clés :

• Le phytoplancton produit chaque année autant de biomasse que toutes les forêts terrestres réunies.
• Environ 2 % des émissions mondiales de CO₂ sont séquestrées chaque année grâce à ce mécanisme naturel.

Cependant, la destruction des écosystèmes marins a réduit cette capacité de moitié.

Les baleines : ingénieures du climat

Avant la chasse intensive, les baleines dans l’Antarctique soutenaient 11 % de la vie marine mondiale. Ces géants des océans jouent un rôle vital :

• Elles enrichissent l’eau en nutriments (fer, azote, phosphore) via leurs excréments, stimulant la croissance du phytoplancton.
• En mourant, leurs carcasses coulent, stockant des tonnes de carbone au fond des océans pendant des millénaires.

Impact potentiel :
Restaurer les populations de baleines pourrait capturer chaque année 1 % des émissions mondiales de CO₂.

Le rôle méconnu des espèces marines

L’épisode explore également le rôle climatique d’autres espèces :

• Les poissons : Ils produisent 15 % des carbonates de calcium océaniques, aidant à réguler l’acidité des eaux.
• Les loutres de mer : En contrôlant les populations d’oursins, elles protègent les forêts de kelp, qui stockent 10 fois plus de carbone dans les zones où elles prospèrent.

Solutions : Protéger et imiter la nature

Pierre Gilbert appelle à un changement radical dans notre relation avec les océans. Voici les solutions qu’il propose :

1. Étendre les aires marines protégées : Laisser la biodiversité se régénérer naturellement.
   • Une zone protégée voit sa population de poissons augmenter par cinq en cinq ans.
2. Développer la culture des algues :
   • Utiliser les algues brunes pour produire des bioplastiques, des biocarburants et purifier les eaux.
   • Un exemple : les rideaux d’algues installés à New York pour dépolluer la Bronx River.
3. Réhabiliter les coquillages :
   • Les huîtres filtrent l’eau et séquestrent le carbone dans leurs coquilles.
   • Remplacer 10 % des protéines bovines par des huîtres permettrait de réduire les émissions équivalentes à celles de 5 millions de Français.

Une leçon à retenir : le géo-mimétisme

Le géo-mimétisme, c’est l’art d’imiter et de protéger la nature pour restaurer la planète. Les océans, avec leur biodiversité, offrent des solutions efficaces et naturelles pour réguler le climat.

Comme le rappelle Pierre Gilbert, « nous avons les réponses sous nos yeux. Il suffit de laisser le vivant faire son travail ».

Cet épisode est un appel à redonner à la nature les moyens d’agir, pour construire un avenir durable et restaurer l’équilibre de notre planète.

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