Le transport à voile peut-il sauver le commerce mondial ? ⛵ | Stefan Gallard, Grain de Sail

Naviguer vers un transport commercial raisonné : l'exemple inspirant de Grain de Sail

Le transport maritime est une pierre angulaire de l'économie mondiale. Pourtant, il est aussi responsable de 3 % des émissions de gaz à effet de serre, un chiffre équivalent aux émissions annuelles de l'Allemagne. Alors que le besoin de transporter des marchandises double tous les 20 ans, certaines entreprises innovent pour limiter leur impact. Focus sur Grain de Sail, une PME bretonne pionnière dans le transport à la voile.

Pourquoi le transport maritime doit évoluer ?

80 à 90 % des biens mondiaux sont transportés par voie maritime. Si les grands cargos actuels émettent moins de 10 grammes de CO2 par tonne de marchandise  par kilomètre, leur impact en valeur absolue est massif. Avec 50 000 navires sillonnant les mers, le secteur pèse lourd dans le bilan carbone mondial.

Face à cela, la propulsion vélique (à la voile) se distingue comme une alternative écologique prometteuse. Grain de Sail est l’un des acteurs qui prouve que cette méthode peut être viable, même dans une économie de masse.

Grain de Sail : des voiliers cargos et du chocolat

Grain de Sail combine deux activités : la production de produits gourmands comme le chocolat et le café, et le transport maritime. Ce modèle hybride est né d’une contrainte : rentabiliser des navires plus petits grâce à une chaîne de valeur entièrement intégrée.

• 2012 : Lancement de l'activité de torréfaction à Morlaix.
• 2020 : Premier voilier-cargo moderne homologué "Marine marchande".
• 2023 : Grain de Sail transporte 350 tonnes de marchandises par an, avec des émissions de seulement 2 g de CO2 par tonne/km (ACV incluant la construction du bateau, et la consommation en entrée et sortie de port).

Leur secret ? Utiliser exclusivement le vent pour traverser l’Atlantique, quitte à attendre que les conditions météo soient favorables.

Les défis de la décarbonation maritime

Les cargos géants de 400 mètres transportent jusqu’à 400 000 tonnes. À l’inverse, les voiliers-cargos comme ceux de Grain de Sail ont une capacité bien plus modeste : 350 tonnes pour le plus grand navire (bientôt 3000 Tonnes pour Grain de Sail III !). Cela implique plusieurs défis :

• Taille des navires : La petite capacité impose un choix rigoureux des marchandises transportées.
• Variabilité des délais : Les traversées dépendent des conditions météorologiques, avec des délais fluctuants de 2 à 3 jours.

Pour contourner ces contraintes, Grain de Sail se concentre sur des produits bio et légitimes comme le cacao et le vin français, limitant leur empreinte écologique tout en valorisant des savoir-faire.

Des solutions pour un transport maritime durable

Grain de Sail montre qu’une approche pragmatique peut transformer le transport maritime. Voici les leviers identifiés pour une adoption plus large :

• Standardisation des navires : Développer des modèles spécifiques pour le transport à la voile afin de réduire les coûts.
• Massification : Multiplier les départs grâce à des flottes plus nombreuses.
• Régulation et labels : Encourager les acteurs à adopter des pratiques durables via des certifications valorisant le transport bas carbone.

L’objectif ? Offrir une alternative compétitive aux entreprises prêtes à repenser leur logistique.

Pourquoi Grain de Sail inspire

L’impact réel de Grain de Sail reste symbolique à l’échelle mondiale. Pourtant, leur démarche a un effet domino : sensibiliser les consommateurs, inspirer d'autres entrepreneurs et encourager l'innovation dans la filière maritime.

Alors que la France se positionne comme un leader de la transition maritime, Grain de Sail prouve qu’un modèle durable est possible, même pour une petite entreprise. Leur prochain défi : Grain de Sail 3, un voilier-cargo capable de transporter 3 000 tonnes, attendu pour 2027.